Difficile d’être séropositif quand on est un cowboy machiste vivant dans le sud des Etats Unis dans les années 80. C’est pourtant la base du scénario de Dallas Buyers Club, qui sortira au cinéma le 29 Janvier. Avec 16 nominations et 5 prix remportés, que vaut vraiment ce film venu tout droit du Texas ?
Réalisé par Jean-Marc Vallé, à qui l’on doit Café de Flore, Victoria : les jeunes années d’une reine ou encore C.R.A.Z.Y., le réalisateur canadien a choisi pour son dernier film de s’attaquer à une histoire vrai, celle de Ron Woodroof. Honnêtement, je ne savais pas trop à quoi m’attendre avant d’aller voir le film, et je dois bien avouer que j’ai été très surpris quand à la qualité de ce dernier. Mais avant d’en dire plus, jetons un œil sur le synopsis :
1986, Dallas, Texas, une histoire vraie. Ron Woodroof a 35 ans, des bottes, un Stetson, c’est un cow-boy, un vrai. Sa vie : sexe, drogue et rodéo. Tout bascule quand, diagnostiqué séropositif, il lui reste 30 jours à vivre. Révolté par l’impuissance du corps médical, il recourt à des traitements alternatifs non officiels. Au fil du temps, il rassemble d’autres malades en quête de guérison : le Dallas Buyers Club est né. Mais son succès gêne, Ron doit s’engager dans une bataille contre les laboratoires et les autorités fédérales. C’est son combat pour une nouvelle cause… et pour sa propre vie.
On retrouve dans le rôle principal Matthew McConaughey (Killer Joe, Mud – Sur les rives du Mississippi, et dernièrement dans True Detective, la nouvelle série d’HBO, que je vous conseille fortement) littéralement métamorphosé pour le rôle. Les traits tirés, le visage creux et le corps frêle, l’acteur n’a pas hésité à changer radicalement pour s’adapter au personnage. Quant à son interprétation, autant vous dire que celle-ci est carrément grandiose. Ron Woodroof incarne le cliché de l’américain sudiste des années 70-80, moustache, chapeau de cowboy, fan de rodéo, macho à souhait et qui n’a pas la langue dans sa poche. Aussi quand il apprend qu’il est séropositif, (forcément, à coucher avec plein de nanas sans protections, ça peut arriver) le choc est énorme. Car oui, dans les années 80, dans la conscience collective le SIDA est fortement lié aux rapports sexuels entre hommes. Les docteurs ne donnent que 30 jours à Woodroof avant une mort certaine. Sauf que voilà, le cowboy n’a pas dit son dernier mot.
Là ou Jean-Marc Vallé aurait pu choisir de faire un film plutôt triste, gris, centré sur la maladie, il choisit une approche différente, captivante sans faire dans le larmoyant mais en axant sa réalisation sur le combat d’un homme. Bien qu’a la base, cette initiative était un moyen facile pour Woodroof de se faire de l’argent, cette démarche va vite se transformer en un combat contre un système fédérale bancale (La FDA : Food and Drug Administration) afin de prolonger sa vie et celle de centaines de malades aux Etats Unis. Le Dallas Buyers Club est né. Et c’est dans ce combat que le cowboy va faire la connaissance de Rayon, incarné par Jared Leto (Mr Nobody, Requiem for a Dream, Fight Club) quasiment méconnaissable dans le rôle d’un transsexuel. Personnage haut en couleur, touchante, pétillante, portant des robes et des perruques, Rayon est à l’opposé total de Woodroof, mais pourtant, une collaboration et une amitié va naître entre ces deux êtres, si bien qu’au final ce dernier traitera son associée avec le plus grand respect.
Et enfin le dernier personnage important du film, le Dr Eve Saks, jouée par Jennifer Garner (la série Alias, Valentine’s Day, Juno). Bien que très en retrait dans le film, elle sera d’un grand soutient à Woodroof, en supportant sa cause et en refusant d’administrer certains médicaments suspects à ses patients séropositifs.
Dallas Buyers Club est un film à petit budget mais d’une grandeur phénoménale. Avec une mise en scène simple et efficace, Vallé a évité de faire un film too much, ou il aurait été facile de sortir les violons et de nous livrer des scènes larmoyantes sur un malade en fin de vie, mais a choisi de nous offrir un film fort, grand, avec un parfait dosage d’humour quand cela est nécessaire. Le tout porté par des acteurs livrant chacun des performances incroyables, crédibles et sincères.