Gris. Une terre maudite affligée par des taxes d’un poids inconsidéré, le prix d’une guerre qui n’a déjà plus aucun sens. Une terre ravagée qui peine à nourrir sa population. Mais un nouvel ordre semble vouloir changer les choses.
Mémoires de Gris : cendres ou braises ?
Pierre est un jeune seigneur élevé par son père Robert, un noble sévère et cruel. Il a pour amie la jeune Marion, demoiselle de basse condition qui sait son avenir promis à un mariage arrangé avec un homme d’âge mûr et à la procréation. Jusqu’au jour où elle croise le corbeau pour la première fois. Elle s’éveille alors aux sciences d’autrefois…
Les années passent… Marion parvient à vivre de sa capacité de guérisseuse, tout en faisant le tapin pour les hommes du village. Pierre rentre de la guerre, traumatisé et survivant in extremis de l’enfer, accompagné de son ami Will. Il ne tarde pas à découvrir qu’un mouvement s’est développé dans l’ombre et à bien l’intention d’arracher les richesses destinés à l’effort de guerre des griffes de la noblesse et de l’église afin de le redistribuer au peuple. Survivront-ils à leur quête ?
Une œuvre qui se développe tel un cauchemar. Le présent et le passé se mélangent sans cesse, brouillant ainsi les limites des personnages et leur identité, qui restent flous pendant une bonne partie de l’histoire. Cette dernière s’étalent d’ailleurs sur un certain nombre d’années dans un rythme relativement irrégulier, brisant encore un petit peu les repères. Si la trame principale se retrouve avec un déroulé finalement assez classique, elle se retrouve à prendre des chemins particulièrement alambiqués pour arriver à ses fins. Les personnages sont loin d’être épargnés et peinent à chaque instant dans une tourmente que seul les affres d’un amour persistant parvient à effacer temporairement.
Mémoires de Gris est une bande dessinée écrite par Sylvain Ferret, également auteur du manfra L’Ombre de Moon. Elle est sortie le 23 Octobre 2024 chez Delcourt-Tonkam.
Cauchemar de sang
Côté dessin, il faut bien dire que Sylvain Ferret n’a pas fait semblant. Côté design des personnages, nous sommes sur un style assez classique pour de la bande dessinée orientée médiévale. Le dessin est fin et joue énormément avec les couleurs, assez pâles et sombres, pour donner une ambiance très particulière à cette histoire et à la psychologie de nos personnages. Le découpage des cases est on ne peut plus classique et très souvent de grande taille. Les trames de fonds sont omniprésentes, quoique plus ou moins détaillées selon les cas. Le rythme est assez irrégulier, rejoignant le scénario dans son idée d’une sorte de cauchemar. On notera toutefois que la lisibilité s’en trouve parfois affectée.
Delcourt-Tonkam nous livre ici une édition à la hauteur, littéralement. Nous sommes sur un volume relié de grande taille d’excellente facture. La couverture est épaisse, la reliure particulièrement résistante, sans toutefois être solide et gêner la lecture, et la qualité du papier est irréprochable.
Conclusion
Mémoires de Gris est-il pour vous ? Que l’on soit clair : nous sommes ici sur une bande dessinée grand format, dans un univers médiéval sombre et empli de tourments. De plus, la qualité de son format d’impression implique nécessairement un prix en conséquence, qui est ici de 30€. Si cette somme ne posera aucun problème aux aficionados du genre, il rappelle qu’un des avantages premier du manga sur la bande dessinée est son accessibilité en termes de prix, même si ce trait à tendance à disparaître ces derniers temps au profit d’éditions collectors hors de prix.
Si ce n’est pas mon style de prédilection, j’ai apprécié ma lecture de Mémoires de Gris. C’est une histoire intéressante développée d’une façon assez sombre, mais visuellement très prenante.
