Japon, Kyoto, 1863. Le Shinsengumi vient d’arriver en ville pour en assurer la sécurité. Mais les tensions n’ont jamais été aussi palpables, tout comme l’insécurité. C’est dans ce contexte que vit le jeune Nio, un orphelin recueilli par des aubergistes avec sa petite sœur de cœur.
Mais sa vie va changer le jour où Toshizo Hijikata et Okito Souji vont visiter l’établissement. Malgré leur réputation désastreuse, ils sont très sympathiques et laissent une très bonne image derrière eux. Mais ils ne sont peut-être pas là que pour se détendre…
Blue Wolves : le loup bleu parmi les miburo ?
J’aime beaucoup l’intrigue du premier chapitre, alors je ne vais pas en révéler plus. Sachez juste que le jeune Nio va par la suite, comme on pouvait s’y attendre, rejoindre le Shinsengumi et découvrir les horreurs auxquelles le groupe est confronté, ainsi que les tensions à l’intérieur même de celui-ci. S’il cherche avant tout à devenir plus fort pour protéger ceux qu’il aime, Nio a également un côté très naïf qui me fait personnellement beaucoup penser à Blanc dans l’excellent Amer Béton. Il ne peut s’empêcher d’aller petit à petit vers la noirceur, malgré la désapprobation d’Hijikata, qui l’a pris sous son aile. Jusqu’où finira-t-il par s’enfoncer ?
Si la trame globale de l’histoire est intéressante, il faut toutefois noter que les ambiances ont tendance à passer du tout au tout sans réelle transition. De cette façon, le Shinsengumi passe d’abord pour un groupe de combattant classe, puis un groupe de rigolo et enfin pour un groupe qui s’entre-déchire pour le pouvoir. Le tout s’enchaîne sans transition, avec des coupures nettes et dérangeantes. Si l’idée de présenter le groupe sous divers aspects n’est en soit pas une mauvaise idée, on remarque très vite la maladresse sur ce point, d’autant que la tension en dehors du camp est palpable. De plus certains personnages, et notamment Kondo, voient leur image dégradée, ce qui dans une œuvre historique est pour le moins gênant.
Histoire et châtiment
À quoi bon rencontrer des personnages célèbres si on ne les connaît pas ? Alors voici une petite séance de rattrapage sur l’histoire du Japon à la fin de l’époque Edo !
Au cours de Edo jidai, les pouvoirs sont donnés au shogun, le chef ultime des armées. Si l’empereur est toujours présent, il n’a qu’un pouvoir symbolique. Mais au cours de cette seconde moitié du XIXe siècle, la pression pour l’ouverture des frontières se fait de plus en plus forte. Dans les terres, le peuple souffre de la famine et commence à se soulever un peu partout. L’insécurité règne. Et pour ne rien arranger, alors que l’empereur n’avait rien dit depuis des années, il annonce publiquement son désaccord avec le shogun. C’est dans ce contexte que des hommes vont se rassembler avec une idée en tête : devenir fort et maintenir l’ordre pour le shogun. A leur tête : Isami Kondo et Serizawa Kamo, secondé par Toshizo Hijikata. Le groupe gagne rapidement en homme et en puissance, jusqu’à devenir le Shinsengumi qui sera craint par les révolutionnaires et les bandits. Suite à un ordre direct du shogun, ils sont envoyés à Kyoto, fief historique de l’empereur, où ils prendront l’appellation de loup de Mibu ou Miburo.
Notre histoire se passe 5 ans avant la révolution Meiji de 1868 qui mettra un terme au règne du Shogun et à l’époque Edo, pour emmener le Japon dans l’époque Meiji, couvert notamment par le très bon Kenshin le vagabond chez Glénat.
Homo homini lupus est
Utiliser le Shinsengumi comme ressort comique était déjà l’une des nombreuses ficelles de Gintama (chez Kana) et il faut bien avouer qu’en comparaison, Blue Wolves s’en sort difficilement sur ce point. L’histoire des Shinsengumi a également déjà été racontée par un certain nombre de titres, à plus ou moins grand tirage au Japon comme en France. Là où ce titre peut véritablement tirer son épingle du jeu, c’est dans son personnage principal et son point de vue naïf et finalement neuf sur les différents protagonistes de l’histoire. Peut-être l’occasion de suivre les différents évènements sans véritablement prendre parti activement.
Ce premier tome, écrit par Yasuda Tsuyoshi, est sorti en Mai 2023 chez Kana. Il y a actuellement 11 tomes au Japon, 5 chez nous et le 6me sortira le 5 Janvier. Un anime a dors et déjà été annoncé pour octobre 2024.
Côté dessin, nous sommes sur un titre aux traits fins, très lumineux. Les trames sont peu nombreuses, mais très bien maîtrisées. Les trames de fonds sont souvent laissées de côté pour l’action, mais leurs quelques apparitions sont bien choisies, ce qui ne gêne donc pas du tout la lecture. Le charadesign de Nio est très bon. Au début souvent inégaux, ceux des autres personnages s’affinent au fur et à mesure des chapitres, mettant de plus en plus en avant leur personnalité. Les scènes d’action sont très bien réalisées, même si on y sent grandement l’inspiration de DAYS, le manga précédent de l’auteur. Le rythme est pour le moment sur 2 vitesses, un très sérieux et l’autre plutôt comique. La fin de ce tome laisse toutefois entendre que le titre parviendrait à trouver un compromis plus juste entre les deux. Enfin, malgré quelques coquilles ici et là, ce titre profite d’une magnifique couverture !
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Conclusion
Ce premier tome de Blue Wolves est loin d’être désagréable à lire, même s’il souffre à n’en point douter de la concurrence sur tous les points. Toutefois, si vous n’avez jamais eu la chance de découvrir cette période de l’histoire du Japon, il peut faire une très bonne porte d’entrée qui parviendra à vous situer historiquement sans aucun souci, tout en vous proposant un très bon scénario. Je le conseillerais donc à un public orienté shonen et curieux de l’histoire du Japon ou aux fans de l’excellent Gamaran (chez Kana également), en recherche d’un titre un peu plus calme.
Blue Wolves est un titre que j’ai apprécié lire pour son personnage principal avant tout. C’est certes loin d’être mon œuvre favorite sur cette thématique, mais il saura, à n’en point douter, satisfaire nombre de lecteurs. Son développement s’annonce assez inédit et éveille ma curiosité quant à son point de vue.