L’espèce humaine a été dévastée dans sa quasi intégralité il y a 50 ans, à la suite de l’apparition des égarés. Ceux-ci libèrent des miasmes qui, en plus d’être hautement contagieux, provoquent la cristallisation du corps humain.
Mission in the Apocalypse : douceur des ruines
Dans une mégalopole en ruine, une jeune fille explore les bâtiments encore debout avec deux objectifs : retrouver des êtres humains en vie et purifier la zone pour leur permettre un jour de revenir investir les lieux. Avec pour seule compagnie quelques robots peu loquaces, elle avance petit à petit, jour après jour, dans sa quête emplie de routine, comme de danger. En effet, les égarés n’ont pas disparu pour autant et sont toujours des menaces sérieuses. Mais est-ce vraiment le plus grand danger qui guette notre héroïne ?
Une tranche de vie apocalyptique où nous vivons au rythme des rencontres de notre héroïne. Insensible au temps qui passe, elle a un regard très frais sur ses rencontres, peu importe la nature de celle-ci. Si les découvertes peuvent être à la limite du macabre, son point de vue purement analytique donne un aspect très intéressant à ces faits et à l’histoire qui les entoure. Le rythme s’inscrit vraiment dans une routine agréable et contemplative, où chaque jour voit son lot de nouveautés comme d’habitudes rassurantes, mais sans pour autant manquer de piquant.
Mission in the Apocalypse est un manga écrit par Iwamune Haruo depuis 2022. Il y a actuellement 3 tomes au Japon et le 1er est sorti chez nous le 10 Juillet 2024 chez Delcourt-Tonkam dans la collection Moonlight. Le second tome est annoncé pour le 6 Novembre 2024.
Poésie contemplative de la déliquescence
Côté dessin, le niveau est excellent. Si le charadesign de l’héroïne est assez classique, ce qui s’accorde très bien avec l’atmosphère recherchée, ce titre s’impose véritablement dans son art des trames de fond. Celles-ci sont nombreuses, détaillées sans toutefois chercher à faire dans l’ultra précision. Sa grande force, c’est son travail sur les ombres, sur le côté dévasté du paysage et ce grâce à l’association d’une très bonne maîtrise des trames ainsi que des ombres hachurées ou crayonnées. Ces paysages si imposants sont, en grande partie, responsables de l’ambiance si unique de ce titre, entre tranche de vie et post-apocalypse. La réalisation est bonne, quoique parfois assez classique dans son approche. Elle est toutefois assez versatile pour passer des scènes contemplatives aux scènes d’action en un claquement de doigt et sans perdre en qualité. Le rythme donne l’impression d’être extrêmement posé, mais les chapitres s’enchaînent très vite et on arrive bien plus vite à la dernière page qu’on ne pourrait le penser.
Cette édition de Delcourt-Tonkam est d’excellente facture. Le papier est épais et parvient sans peine à retransmettre la profondeur du dessin et surtout des multiples nuances de noirs et de gris des paysages. La couverture est magnifique et dans une texture de grain papier qui lui sied parfaitement, bien plus que l’aurait été une couverture classique. Les choix de couleurs pour la couverture cartonnée sont excellents et lui donnent une patine très appréciable. Un excellent choix de la part de l’éditeur.
Conclusion
Mission in the Apocalypse est-il pour vous ? On ne va pas se cacher que si vous ne supportez pas la tranche de vie, alors vous passerez sans doute à côté de ce titre. Si le côté dévasté vous rappellera sans doute l’excellent manga Gunnm (chez Glénat), dans la finesse de son exécution comme de ses paysages, le charadesign et l’ambiance général partent, eux, plutôt dans une direction Au grand air / Yuru Camp (chez Nobi nobi). L’aventure est avant tout un quotidien, mais le quotidien est aussi une aventure.
J’ai adoré Mission in the Apocalypse ! C’est un manga très intriguant, qui joue du stoïcisme de son héroïne pour proposer une ambiance assez inédite. C’est très intéressant et ça nous amène même à nous poser quelques questions. Un coup de cœur que j’ai particulièrement hâte de retrouver dans son second tome !
