Depuis qu’elle est au lycée, notre héroïne, Honatsu Tenma se sent de plus en plus proche de son ami d’enfance Tôma. Un fait qui la trouble de plus en plus et que même sa seconde amie d’enfance, Akane, ne parvient à dissiper. En effet, depuis son accident à 11 ans, qui lui a coûté son père et sa mémoire, Akane et Tôma sont particulièrement protecteurs avec elle, ce qui leur cause une proximité assez singulière. Mais l’arrivée d’un nouvel élève, Shun, pourrait bien tout faire basculer. Ami d’enfance de Tôma, il est loin d’en avoir la sympathie, les précautions ou même le sens social. Toutefois, Tenma se sent étrangement troublée en sa présence. Mais quel est donc le véritable amour ? La sensation de bien-être causée par Tôma, ou la sensation de chute causée par Shun ? Ce dernier aurait-il un lien avec son accident ?
Cette histoire gravite autour de deux trames : la définition de l’instant où l’on tombe amoureux et le voile de mystère qui entoure l’accident de Tenma. Une association qui s’explique par la conception même de ce titre, censé être un seinen à l’origine. Nos personnages évoluent vite et n’hésitent pas à agir, redoublant d’intrépidité pour conquérir le cœur de notre héroïne à leur façon. Cette dernière est d’ailleurs ballotée entre ces deux visions de l’amour et l’expression de sa déclaration. Si pour le moment, on s’arrête à quelques phrases bien senties et des rapprochements physiques attendrissants, on peut s’attendre à ce que ce ne soit pas toujours le cas. Tiendrons-nous ici un nouveau Peach Girl ?
Inari Yûko écrit ce titre en 2021 et pour 3 tomes. Ce premier tome est sorti le 15 Septembre 2023 et le second est prévu pour le 17 Novembre. Étant donné la courtesse du titre, on peut s’attendre à un revirement de situation vers la trame secondaire, bien moins shojo que cette introduction. De plus, l’amnésie de l’héroïne, un sujet pour le moment à peine effleuré, laisse présager qu’à la manière d’un Golden Time, nous devrions avoir une opposition entre ses sentiments d’avant et après l’accident. Une question de plus à résoudre.
Graphiquement, ce titre est à la page. D’un style relativement moderne, il réserve les effets de trames pour les scènes les plus romantiques, préférant des aplats de trames ou des trames de fond pour tous les autres cas. Ces dernières sont d’ailleurs d’une finesse assez moyenne, mais largement suffisante pour situer l’action, le tout étant de toute façon surpassé par le chara design subtile et efficace, emblématique du genre Shojo. Le titre dans sa globalité est savamment maîtrisé, laissant l’idée d’une très bonne finition et d’un rythme soutenu, sans pour autant être pressé. Un équilibre précaire que Inari Yûko semble pour le moment contrôler sans le moindre souci.
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L’édition de Kana est de bonne facture, nous faisant profiter de la couverture du titre, d’un bon goût certain, comme toutes celles de l’auteure d’ailleurs, ainsi que d’une couverture cartonnée nous offrant quelques esquisses préliminaires.
Ce titre est-il pour vous ? Si la question ne se pose pas auprès du public shojo, elle est toutefois très importante auprès d’un public peu habitué au genre. Ce titre, en plus de nous offrir une jolie histoire d’amour, nous propose une trame bien plus orientée sur le suspense, ce qui n’est pas sans rappeler les exceptionnels Dengeki Daisy et Queen’s Quality de Kyosuke Motomi, des titres certes catégorisés shojo, mais où la trame romantique finit souvent au second plan. De plus, le peu de tome implique un risque mineur qui, je le pense sincèrement, peut être une excellente porte d’entrée vers le genre shojo pour un néophyte.
Je suis certes conquis par le shojo depuis déjà quelques années, mais Qui suis-je pour t’aimer ? nous a proposé une excellente occasion de faire un point sur notre interprétation de l’amour et du fait de tomber amoureux. Une introspection qui plus est accompagnée d’un fil rouge qui, je l’avoue, attise on ne peut plus ma curiosité. Une affaire à suivre de près, donc…