Amazon se lance donc dans le cinéma. Tout comme Netflix avec son Beasts of no nation, le géant du web a choisi pour sa première fois un sujet délicat, d’envergure : Macbeth et Shakespeare.
C’est un peu tout ce que je savais du film en allant le voir : Macbeth = Shakespeare (et aussi qu’il y a Michael Fassbender dedans et qu’on l’aime bien ce brave Michou)… Autant dire que j’y suis allée vierge de tout à-priori et qu’avec juste une vague bande-annonce en tête, je ne savais guère qu’en penser… Et je vous avoue que c’est toujours le cas quelques heures plus tard.
Synopsis
Macbeth est un valeureux guerrier, un brave type à la base, mais un chouilla ambitieux… Monsieur veut devenir roi, ce qui est quand-même la moindre des choses à son âge 😉
Imaginez donc sa réaction quand, après une bataille décisive et particulièrement ardue, des nanas genre oracles lui prédisent que oui, il sera bien roi, et que son pote là-bas sera la père d’un roi aussi.
Sans perdre de temps, Michael Macbeth Fassbender et sa femme, Marion Macbeth Cotillard décident de tout mettre en œuvre pour que la prophétie se réalise, en usant de moyens bof sympas tout de même.
Quand j’ai dit que je ne savais pas à quoi m’attendre, j’ai un peu exagéré. Milles excuses. En réalité je m’attendais à un remake de Braveheart, allez savoir pourquoi…
Trève de balivernes, passons aux choses sérieuses.
Le film s’ouvre sur une magnifique scène de guerre, mais vraiment magnifique hein. Des plans au ralenti succèdent à des plans au rythme effréné pour dévoiler une chorégraphie impressionnante de justesse, le tout avec des effets visuels bluffants. Parce-que si Justin Kurzel a réussi une chose, c’est l’aspect graphique du film, qu’est-ce-que c’est beau !
Et qu’est-ce-que c’est chiant.
Mais c’est beau.
Mais chiant.
Voilà qui résume mon impression à la sortie du cinéma, un film superbe avec un LÉGER problème de rythme 😉
Bon, j’exagère peut-être, les afficionnados, cinéphiles avertis et amateurs de théâtre ne seront sûrement pas du même avis que moi sur la suite du film puisque dès la fin de cette scène épique a lieu le premier dialogue. C’est banal un dialogue, rien de plus normal, on se bat et puis on discute… On discute en anglais. En anglais du 17ème siècle.
Et oui, Justin Kirzel a pris le parti de respecter à la lettre le texte original, une intention louable, si ce n’est qu’on n’y comprend rien, sous-titres ou pas, sans un minimum de concentration, tout ce qui ressort de ces dialogues et monologues interminables, c’est un vague charabia.
Alors oui je sais, objectivement c’est bien de respecter l’œuvre originale, d’autant que ouais, putain c’est beau ce qu’ils disent quand prend la peine d’écouter. Mais le décalage entre la photographie ultra-moderne et les textes ultra-classiques est, à mon goût, trop énorme pour passer inaperçu.
Peut-être que si j’avais su que Macbeth n’était pas un film comme les autres mais plus une pièce de théâtre filmée, j’aurais été moins déstabilisée… Ouais… Pas si sûr, surtout que le script n’est pas le seul élément qui contribue à la chiantitude du film (oui j’invente des mots, j’ai le droit). Il y a aussi la musique, omniprésente ou presque mais sans éclat… Mais surtout, et c’est toujours dû au côté « théâtre » de la chose, la fixité des plans. Franchement regarder Marion Cotillard déblatérer un texte qu’elle-même n’a pas vraiment l’air de comprendre pendant 5 minutes avec une caméra fixe et fixée sur un visage inexpressif, c’est chiant vraiment.
« Houla tout de suite, tu critiques ❤️Marion❤️ parce-que tu fais partie de ces gens qui la détestent par principe »
Pas du tout. Cotillard est capable du meilleur (La Môme) comme du pire (Inception), et là elle s’approche pas mal du pire, fade, tellement fade face à un Fassbender magistral… Il sauve le film à lui tout seul grâce à une interprétation intense et juste du roi torturé (oui parce-que Macbeth c’est avant tout l’histoire d’un type rongé par les remords et qui part un tout petit peu en vrille).
Enfin non, je rectifie, il ne sauve pas le film à lui tout seul, il y a aussi les paysages, décors, costumes et la photographie qui est, je tiens à le rappeler <insérer ici n’importe quel superlatif désignant la beauté> (par exemple la scène finale est l’une des plus belles qu’il m’ait été données de voir au cinéma).
Conclusion
A la sortie de la salle, j’ai entendu tout un tas de gens prétentieux déblatérer sur « l’intensité des sensations de la vie », « l’importance de la symbolique » et autres phrases toutes faites qu’on sort pour étaler sa culture (surtout quand il y a des caméras qui filment les impressions des spectateurs). Arf, après tout, il y a sûrement du vrai dans toutes ces élucubrations, sûrement que je suis passée à côté de 90% des symboles, sûrement que je ne suis pas apte à entrevoir ces fameuses sensations de la vie, je ne suis qu’un spectateur lambda et Macbeth n’est pas à mettre entre les mains de n’importe qui. Dommage, un tout petit effort pour se démocratiser aurait pu lui permettre de devenir un grand film.
Bande-annonce