Profitant des tarifs plus qu’abordables du Printemps du Cinéma, j’ai décidé de me faire une pleine journée de projection de films en tous genres. Ma mission est désormais d’essayer de vous faire un rendu bien entendu subjectif et nous allons commencer par le nouveau M. Night Shyamalan : « Split »
Synopsis :
Kevin a déjà révélé 23 personnalités, avec des attributs physiques différents pour chacune, à sa psychiatre dévouée, la docteure Fletcher, mais l’une d’elles reste enfouie au plus profond de lui. Elle va bientôt se manifester et prendre le pas sur toutes les autres. Poussé à kidnapper trois adolescentes, dont la jeune Casey, aussi déterminée que perspicace, Kevin devient dans son âme et sa chair, le foyer d’une guerre que se livrent ses multiples personnalités, alors que les divisions qui régnaient jusqu’alors dans son subconscient volent en éclats.
Alors sans rentrer à fond dans la trame du film et spoiler plus que de rigueur, je préfère vous donner un rendu de mon ressenti sur ce que le film essaye de nous transmettre.
Sous l’angle de la réalisation, tout est clairement recherché et millimétré notamment les plans de caméra absolument parfaits que ce soit dans les espaces clos ou ouverts du film.
Que peut-on en penser et quelle est mon opinion ?
Les thèmes abordés sont pour le moins extrêmement intéressants, centré sur une approche de la dualité pour l’ensemble des protagonistes principaux qui trahit les masques que nous portons tous suivant notre interlocuteur ou même notre comportement. Une ode à la vraisemblance entraînée à son paroxysme avec la fameuse 24ème personnalité…
Le choix du chiffre 24 est tout aussi intéressant je trouve. En général, Shyamalan ne fait rien au hasard et la symbolique de ce chiffre se fait encore une fois jour au regard de son œuvre.
Symbole de totalité, d’accomplissement intérieur, il est aussi la clé du grand cycle de manifestation et de toute apparition ou incarnation cyclique dans le Zodiaque et est par ailleurs présent dans l’hindouisme ou le bouddhisme renvoyant au cycle de renaissance (Saṃsāra).
Sans oublier la relation entre médecin et patient ou le film nous montre l’envers du décor, ce qui se passe derrière la porte lors d’une consultation et encore plus particulièrement en ce qui concerne les psychologues/psychiatres.
La théorie développée par la docteure Fletcher est construite et réussie à faire mouche : abordée le trouble dissociatif de l’identité (TDI) non pas comme une maladie, mais plutôt comme un surdéveloppement auquel l’homme peut avoir accès. Et ou chaque personnalité de l’individu joue un vrai impact sur son corps (le corps étant lié à l’esprit par essence).
Cela permet d’approcher de la maladie avec un certain recul scientifique, très relatif s’il en est mais utile car elle est trop souvent incomprise et cela joue un parfait contrepoids au personnage de Kevin.
Pour ma part, c’est un film profondément philanthrope je trouve, car il révèle et glorifie les personnes, les comportements et les secrets parfois horribles que peuvent cacher les gens aux yeux des autres.
Cette production laisse toutefois transparaître des grosses ficelles pour faire avancer le scénario tout de même (la scène du cintre par exemple, très caduque), ainsi que des fusils de Tchekhov très clairement voyants et expédier à la mitraillette.
James McAvoy est tantôt parfait, tantôt passable dans ses interprétations, comme toutes les personnalités qui prennent le contrôle de son personnage.
Le casting des kidnappées (Anya Taylor-Joy, Haley Lu Richardson et Jessica Sula) n’est franchement pas terrible, laissant à McAvoy le lourd tribut de porter le film quasiment seul ; cependant c’est sans compter la performance de Betty Buckley en tant que psychiatre qui est plus que crédible dans son interprétation.
La musique est bien jointe à l’ambiance, les silences sont oppressants et parfaitement calculés pour arriver au moment opportun. On n’oubliera pas non plus cette petite dose de surnaturelle habituelle que le réalisateur adore mettre dans tous ses films, marquant l’hésitation que le fantastique produit entre le surnaturel et le naturel, le possible ou l’impossible.
Ce film m’a particulièrement donné envie de m’intéresser à la pathologie en elle-même, et qu’on a plus revu au cinéma depuis Shutter Island, dernier en date à s’être intéressé à cette affection.
Et cette fin ouverte est pour moi une terminaison dantesque de ce que ce film pourrait amener.
Et à juste titre, je ne révélerai même pas l’énorme apparition à la fin du film, qui laisse présager une possible et réelle renaissance pour M. Night Shyamalan, qui était jusqu’à alors trop irrégulier pour surmonter ses propres échecs précédents (After Earth en date).
[expand title= »SPOIL (cliquez pour lire) »] L’apparition OMG de Bruce Willis alias David Dunn dans #Incassable à la toute fin du film, qui démontre clairement (et même confirmé par Shyamalan) qu’il y aura une suite concernant Kevin et David Dunn. Et autant dire qu’un Split 2 avec Bruce Willis (déjà prévu pour les environs 2018), seul un cataclysme pourrait m’empêcher d’aller voir ce futur bijou. [/expand]