Sorti le 25 novembre dernier, Strictly Criminal est le dernier polar du réalisateur Scott Cooper. Corruption, meurtre et mafia sont au rendez-vous, tout droit inspiré d’une histoire vraie.
Si le nom de Scott Cooper ne vous dit pas grand chose, on ne vous en voudra pas. L’homme, peu connu, n’a réalisé que deux films par le passé (mais deux excellents films): Crazy Heart en 2009 et Les Brasiers de la Colère en 2013. 2015 signe donc son retour derrière la caméra et avec un sujet des plus sombre : l’histoire vraie de James « Whitey » Bulger. Mais avant de vous en dire plus sur Strictly Criminal, voyons voir ce que nous raconte le synopsis :
Le quartier de South Boston dans les années 70. L’agent du FBI John Connolly convainc le caïd irlandais James « Whitey » Bulger de collaborer avec l’agence fédérale afin d’éliminer un ennemi commun : la mafia italienne. Le film retrace l’histoire vraie de cette alliance contre nature qui a dégénéré et permis à Whitey d’échapper à la justice, de consolider son pouvoir et de s’imposer comme l’un des malfrats les plus redoutables de Boston et les plus puissants des États-Unis.
Et commençons cette critique par le premier point fort du film : son casting. Le rôle principal, Bulger est tenu par l’excellent Johnny Depp qu’il est inutile de présenter. Si l’acteur est connu pour ses rôles extrêmes et variés, l’homme nous montre aujourd’hui qu’il est encore capable de se surpasser, mais j’y reviendrais plus bas dans ces lignes.
À ses côtés, on retrouve deux autres acteurs au talent tout aussi grand : Bennedict Cumberbatch (The Hobbit, Sherlock, Imitation Game) et Joel Edgerton (Warrior, Zéro Dark Thirty). Mais ce casting de dingue ne s’arrête pas là, car dans la liste des seconds rôles est-elle aussi incroyable : Jesse Plemons, Kevin Bacon, Corey Stoll, Dakota Johnson, Peter Sarsgaard et bien d’autres. Oui, Scott Cooper ne fait pas les choses à moitié.
Le second point fort de Strictly Criminal est sa réalisation. Maîtrisée, juste et droite, Scott Cooper nous livre un polar incroyable sur la mafia de Boston dans les années 70. Tout y est, la drogue, la violence, la saleté, la corruption, le réalisateur nous plonge dans une ambiance crade mais tellement réaliste. Et le réalisateur va plus loin, avec ses plans bancals, noirs et ternes pour retranscrire cette violence et cette criminalité, en totale opposition avec des plans droits, clairs, et symétriques pour les scènes de “justice” avec le frère de Bulger (politicien et droit), de calmes et de tension dans les bureaux du FBI. Sa maîtrise se traduit aussi par un stress grandissant minutes après minutes ou aucun des protagonistes, bons ou méchants, principales ou secondaires n’est à l’abri d’une balle dans le crâne au détour d’une rue… Rappelons que tout ceci est tiré d’une histoire vraie, de quoi nous passionner et nous donner froid dans le dos.
Comme évoqué plus haut, la clé de voûte de Strictly Criminal, c’est Johnny Depp. Si l’acteur est habitué aux rôles totalement extrêmes et décalés, il nous livre ici un James « Whitey » Bulger totalement flippant, méprisable et à la fois “ respectable”. Les yeux bleus très clairs, les cheveux blonds plaqués sur le crâne, les traits tirés et usés par la violence et le crime, l’acteur est littéralement méconnaissable. Sans foi ni loi, ce dernier n’hésite pas à tuer quiconque s’opposera à lui, et à l’inverse se montre attachant avec son fils, sa mère, son frère. S’il y a bien une chose importante au sein de la mafia, c’est la famille. Johnny Depp n’est pas le seul à crever l’écran ; Joel Edgerton se montre lui aussi à la hauteur de la qualité du film. Personnage aux premiers abords droits et attachant, il tombe bien vite dans la corruption la chasse au pouvoir et le mensonge jusqu’à se mettre tout son entourage à dos.