Coucou toi, alors comme ça tu ne sais pas trop dans quoi te lancer niveau série ? La rentrée télé est assez chargée alors laisses moi te résumer la situation, c’est mon boulot après tout : Lucifer, c’est nul, The magicians, c’est nul, Second Chance, c’est nul. Il y a bien 11.22.63 qui n’est pas mal du tout, il y a le retour de Daredevil aussi, mais surtout, il y a The night Manager.
Comment ça tu n’en as pas entendu parler ? C’est parce-qu’on te bassine avec le retour prochain de Game of throne c’est ça ? Winter is comming oui on sait mais maintenant il faut passer à autre-chose, regardes cette bande-annonce, elle ne te fait pas envie ?
Synopsis
C’est l’histoire d’un mec qui est gérant de nuit dans un hôtel de luxe au Caire (Jonathan Pine). Un jour débarque Sophie, la maîtresse d’un gros méchant trafiquant d’armes, love story inévitable, Sophie se fait aussi inévitablement trucider, le héro décide de manière tout autant inévitable de la venger en devenant agent des services secrets britanniques sous couverture dans le but d’arrêter un autre gros méchant trafiquant d’armes encore plus méchant que l’ex de Sophie : Dr House (Richard Roper).
Tous les éléments d’un James Bond sont réunis, du générique ultra-graphique à une fin grandiloquente en passant par les personnages clés : le héro flegmatique, le méchant charismatique et of course, la James Bond girl 😉
Si The night manager est indubitablement le petit frère de la saga de Ian Fleming, cela ne l’empêche pas de dépasser le statut de simple feuilleton d’espionnage de par son intrigue plus fouillée, plus réaliste aussi.
Extrapolons un peu, cette série c’est un James Bond sans les mauvais côtés d’un James Bond.
Ne vous méprenez pas, je suis fan de l’univers de James Bond… Mais il faut bien avouer que le suspense y laisse à désirer… La faute entre autres à un scénario ultra codifié, donc bien trop prévisible et à des rôles féminins hautement exaspérants.
Mais nous sommes ici pour parler de la dernière création de la BBC donc parlons-en voulez-vous, pourquoi regarder donc ?
Déjà pour le casting, le duo explosif Tom Hiddletson/Hugh Laurie, c’est à dire Loki (Thor) contre Dr House. C’est plutôt inattendu mais ça fonctionne parfaitement, au delà du fait que chacun campe parfaitement son personnage (et que Tom Hiddleston est BEAU), sous assistons ici à une confrontation de haut niveau, un duel d’escrime, une partie de poker ou d’échecs, choisissez la métaphore que vous voulez mais l’essentiel est là, deux personnages mystérieux et charismatiques qui s’affrontent… Mais qui ne font pas que s’affronter. Au final nous avons l’impression que Roper décide de prendre Pine sous son aile pour peut-être choisir l’arme de sa propre destruction… Et que Pine n’est pas là que pour venger sa nana mais aussi et surtout pour retrouver les émotions de la guerre, pour affronter un adversaire à l’intelligence aussi pointue que la sienne, bref, parce-qu’il s’emmerde (c’est un ancien soldat John et nous effleurons là le thème des difficultés du retour à la vie civile après la guerre).
Grosse tension dramatique donc, ces deux personnages sont complexes, loin du manichéisme primaire des séries d’espionnage, Jonathan, malgré sa gueule d’ange est loin d’être un enfant de cœur.
Grosse tension dramatique aussi puisque nous ne savons pas, jusqu’à la dernière minute, ce qui va se passer, l’intrigue est très bien construite, le rythme aussi. Ce qui permet au suspense de se diffuser de manière adéquate sans tomber dans les facilités du cliffhanger de fin d’épisode comme dans Game of Throne par exemple.
Je réalise que je parle d’un duo depuis tout à l’heure mais ce n’est pas tout à fait vrai puisqu’il y a la James Bond girl, la sublime Jed (Elizabeth Debicki).
Jed donc ne se contente pas d’être le grain de sable qui va bouleverser l’histoire, Jed y participe réellement, elle n’est pas qu’un vague enjeu, elle n’est pas la princesse à secourir, elle est maîtresse de son destin. L’équilibre est toujours délicat quand il s’agit du rôle féminin d’un film d’action. Trop neuneu, elle exaspère, trop couillue elle fait de l’ombre au rôle masculin… Le juste milieu est difficile à trouver et les réalisateurs ont souvent -toujours- du mal à construire des personnages féminins complexes, ils sont bien trop souvent -toujours- complètement clichés donc leur place en est réduite au maximum.
Ce n’est heureusement pas le cas ici, Jed a sa propre histoire, sa propre complexité et elle existe à part entière sans pour autant faire de l’ombre au duo phare, je dirais même qu’elle les éclaire d’une certaine manière. Elle passe du statut de victime à celui d’espionne et c’est en ça que son personnage est réussi : elle évolue, se transforme et se libère.
Le plus beau dans tout ça c’est que The night manager ne se contente pas d’être un simple huis clos, la série va beaucoup plus loin en abordant des thèmes aussi divers que la corruption, le monde actuel comme échiquier, les liens entre la politique et les seigneurs de guerre… Finalement la réalisation ici nous démontre, de manière insidieuse la théorie du Nouvel ordre mondial.
Et c’est en ça que The night manager est une vraie réussite, mêler le divertissement à des sujets on ne peut plus sérieux, nous faire comprendre certaines choses sans avoir l’air de nous les expliquer, c’est une tâche ardue que David Farr a surmontée avec brio malgré une base somme toute assez classique.