Vous avez aimé/adoré la première saison de True detective ? Oubliez-là, c’est quasiment impossible pour Nic Pizzolatto de faire aussi bien, il vaut mieux partir d’un regard neuf pour cette deuxième saison, d’autant que les deux histoires ne sont pas liées du tout.
C’est bon, vous avez bien fait le vide dans votre esprit ? Vous avez regardé cette deuxième saison sans repenser à la première ? Vous avez quand-même trouvé ça nul ? Moi aussi. A chier.
Repartons de zéro, fin de première saison, nous quittons donc nos compères de Louisiane avec le sentiment d’avoir assisté à quelque-chose de grand, l’aube d’une nouvelle série mémorable… Avec une certaine tristesse aussi, oui la Louisiane va nous manquer, Rust et Martin vont nous manquer, les Red necks vont nous manquer, sans parler de l’ambiance, la photographie, ces plans-séquences uniques… Mais, bonne nouvelle, une saison 2 arrive, l’occasion de retrouver un peu de tout ça ! Et non.
Ah ce plan séquence…
La saison 2 parle de… C’est l’histoire de… En fait y’a un mec qui… Bon ok, soyons honnêtes, on n’y comprend RIEN, à la base on a un constat simple : un mec est mort, il faut enquêter, jusqu’ici tout va bien.
Comme ce brave monsieur avait de vagues liens politiques, un groupe d’enquête est mis en place, jusqu’ici tout va bien.
Mais il paraît que l’important c’est pas la chute, mais l’atterrissage… Et là franchement, quand on nous révèle l’identité du tueur de Caspere le gentil fantôme… Zero émotion. Zero émotion parce-que nous avons complètement zappé l’enquête, tout ça était tellement tiré par les cheveux que nous n’y avons tout bonnement pas participé, donc on s’en balance un peu de savoir que c’est Emile le tueur.
Je suis un peu dure, tout n’est pas à jeter. Par exemple, l’idée de demander à Ani Bezzerides de profiter de l’enquête pour trouver de quoi coincer son nouveau coéquipier, Ray Colin Farrell, était bonne. On aurait pu avoir un huis clos intéressant mais ça a duré quoi ? Un épisode ? Et tout ça s’est perdu dans les méandres du scénario, dommage.
Enfin, peut-être que cette enquête n’était pas si compliquée, peut-être que j’aurais pu éventuellement en comprendre les cheminements si je n’avais pas passé la moitié du temps à dormir ou à jouer à Fallout Shelter ?
Tu vois où je veux en venir ?
Que Fallout Shelter, c’est cool ? Pas du tout, enfin si, c’est vachement bien, mais ce que je voulais dire c’est que…
La saison 2 de True detective est chiante comme la mort.
Que ce soit clair, je n’ai rien contre les scènes contemplatives, je… Bon ok, la plupart du temps, je trouve ça soporifique MAIS, dans ces 8 épisodes, nous avons environ 40% de scènes où il ne se passe strictement rien et 55% de scènes de dialogues (nuls en plus les dialogues, plus creux c’est pas possible, à part dans des émissions comme Les reines du shopping par exemple)… Donc même pour les amateurs de contemplation télévisuelle, c’est trop, beaucoup trop.
(Les 5% restants sont dédiés aux scènes d’action. Il y en a 3.)
Du coup gros dilemme, les dialogues sont tellement nuls (sauf rares exceptions), qu’on préfèrerait souvent que les personnages se la ferment pour finalement avoir une série composée de 95% de contemplation, tant qu’à choisir entre deux maux… Autant choisir celui qui est visuellement le plus abouti, parce-que nous ne pouvons pas nier que graphiquement, c’est toujours aussi beau !
Vous n’avez pas l’air très convaincus, surtout toi là au fond, oui oui je te vois tu fais la moue depuis tout à l’heure. Voici donc quelques exemples (tu m’excuseras petit lecteur, je n’ai commencé à relever ces exemples que vers la fin et je ne te connais pas assez pour me retaper les 6 premiers épisodes)
Ray : « Do you miss it ?«
Bezzerides : « What ?«
Ray : « Anything.«
Heu pardon ? « Dis, ça te manque pas ? » « De quoi ? » « Bah n’importe quoi, tu fais chier j’essayais juste de meubler merde, il reste encore 30 minutes d’épisodes »
Ou le mythique :
Frank : « How did you met Ray ?«
Bezzerides : « We saved each other’s life«
NON Choupinette, on rencontre quelqu’un à la pétanque par exemple, « on s’est sauvés la vie mutuellement » ça n’est pas une façon de se rencontrer, donc tu arrêtes de dire n’importe quoi pour te donner un air dark/profond et tu réponds correctement à la question, tu l’as rencontré dans le bureau du commissaire quand vous avez commencé l’enquête. Point.
Une fois de plus, ne soyons pas trop durs, il y a aussi de superbes échanges, prenez le moment où Ray va confronter Frank suite à la révélation de l’identité du violeur de sa femme. Il y a une telle tension dans cette scène, entre les regards, la gestuelle et les répliques en elles-mêmes… Wahou, ça claque ! On est au paroxysme du talent de Nic Pizzolatto, on se surprend même à espérer retrouver un peu de la saison 1… Et à ce moment, Kelly Reilly (Jordan, la femme de Frank) débarque, avec son décolleté plongeant, son regard de veau mort et son jeu d’actrice désespérant. Non non non et re-non, tu sors du champ madame, tout de suite.
C’est donc le moment de parler du casting. Et des personnages aussi.
Un casting pour le moins très inégal : nous avons un excellentissime Vince Vaughn (Frank), un très bon Colin Farrell (qui apparemment peut être un bon acteur quand il s’y met), Rachel MacAdams (Bezzerides), excellente également, Taylor Kitsch (Paul) correct…. Et Kelly Reilly qui est aussi mauvaise que Vince Vaughn est bon.
Elle n’est pas juste mauvaise actrice, elle est tellement niaise qu’elle en devient énervante… Prenez un personnage débile, ajoutez-y une mauvaise actrice et vous obtenez la femme de Frank. (Petite parenthèse pour en revenir à l’histoire, j’ai fini par zapper toutes les scènes où elle apparaissait, ce qui n’a sûrement pas aidé ma compréhension de l’intrigue).
Malheureusement, ces prestations impeccables sont inutiles si les personnages ne valent pas le coup d’œil… Et c’est ma deuxième grosse déception.
Dans la première saison, nous avions des protagonistes hauts en couleur, intelligents, tenaces, brisés et parfois drôles (oui je sais, j’ai dit qu’il ne fallait pas comparer les deux saisons mais c’est plus fort que moi et je fais ce que je veux bordel) mais là, déjà ce sont des gens plus ou moins normaux, et surtout ils sont caricaturaux comme c’est pas permis.
Les personnages principaux sont tous dépressifs, tous perturbés par leur mystérieux (ou pas) passé, tous alcooliques, et j’en passe, d’accord Nic Pizzolatto, tu as voulu faire une série sombre, c’est bien, mais si tu n’y ajoutes pas un peu de nuance et de profondeur, c’est inutile.
Et le coup du flic célibataire/alcoolique ce n’est pas le seul cliché, il y a aussi les méchants mexicains, les italiens mafieux, les juifs communautaristes…
Un dernier mot sur le fils de Ray.
C’est quoi le message là ? Que tous les enfants américains sont des petits cons ? Franchement, quand Ray lui fait une déclaration super profonde (et touchante pour le coup) et que le gosse répond un vague « ok », le regard toujours vissé sur la télé… Pardon mais si mon père me dit « des gens te diront que je ne suis pas vraiment ton père, mais saches que je t’aimerai toujours », j’ai au moins la politesse de décrocher de Friends (oui le gosse fait un caprice pour regarder Friends) et de lui dire « heu mouiiii mais pourquoi ? ». Pas vous ?
« Tous pourris, sauf les femmes »
C’est un peu le message de cette saison, les politiciens sont pourris, les industriels sont pourris, les flics sont pourris (sauf Bezzerides of course), les commerçants sont pourris, tout le monde est pourri. D’accord Nic mais encore ? Parce-que ça tu le dis dans les 5 premières minutes du premier épisode, quand tu présentes la ville de Vinci.
Mais il y a les femmes. Les femmes sont des victimes, les femmes sont loyales, les femmes sont honnêtes, les femmes sont intelligentes, les femmes réussissent là où les hommes ont échoué, les femmes ont des super pouvoirs qui leurs permettent de détecter la mort de l’homme qu’elles aiment blablabla.
Non vraiment, vous voyez cette scène de nanar où la femme frissonne (et se met à pleurer souvent) au moment de la mort de leur amant à des centaines de kilomètres de distance ?). C’est nul hein ? Et bien là les scénaristes nous font deux fois le coup, pour être sûrs qu’on ait bien compris.
Je vais donc clore cette critique par un petit courrier…
« Cher Hollywood,
C’est vrai que tu as toujours été légèrement mysogyne, mais je trouve que tu en fais un peu trop en ce moment pour te racheter, déjà il y a eu Mad Max Fury Road qui était limite (j’ai adoré ce film hein mais tu ne peux pas nier que c’était pas mal féministe) et là tu nous sors True detective saison 2… C’est parce-qu’on t’a reproché l’absence de femme dans la saison 1 c’est ça ?
Tu te souviens de The Thing, c’était bien comme film hein ? Mais comme on t’a reproché l’absence de femmes, tu as décidé de ressortir le film 20 ans plus tard en y mettant une femme très énervante et tu as ruiné la crédibilité de la licence.
Tu peux arrêter maintenant s’il te plait ? Et revenir à des films comme Alien où la place de la femme n’est pas caricaturale ?
Bisous«