Ce qu’on ne pourra pas retirer à Ubisoft, c’est qu’au moins ils arrivent à prendre des risques. Ils osent, et c’est une bonne chose pour nous les joueurs. Avec Far Cry Primal, Ubi a fait le pari de faire faire un bon de 12 000 ans en arrière à l’une de ses séries phares. C’est un nouveau souffle pour la série FPS après un 4ème épisode qui avait plus des allures de gros add-on.
Le jeu commence par une scène où notre homo-sapiens (Cro-Magnon pour les intimes) s’en va chasser le mammouth avec quelques membres de sa tribu. Mais vous vous en doutez, cela va mal tourner, quand le pachyderme est finalement à terre c’est un gros matou de l’époque (un Tigre à dents de sabre) qui vient réclamer sa part du repas. En voulant lui échapper notre héros, Takkar, se retrouve seul dans la contrée impitoyable d’Oros. La vie était un poil différente en -10 000 avant le petit Jésus, l’Homme devait survivre, au sens propre du terme. Il ne lui suffisait pas d’échapper à quelques pirates dealers de drogue pour rester en vie. Et dans Primal, c’est le sentiment qui prédomine dès les premières minutes du jeu, on n’est littéralement en sécurité nulle part.
L’objectif principal du jeu sera d’aider Takkar à retrouver les membres de sa tribu (les Wenja), de les aider à construire leur village grâce aux différentes ressources de la carte, et surtout de chasser les vilains Udam et Izila, les tribus ennemies, des terres d’Oros (et oui, de tous temps l’Homme s’est foutu sur la gueule). Le tout en devant survivre face à une faune hostile et omniprésente.
La map en monde ouvert d’Oros que nous a concoctée Ubisoft est une aire de jeu absolument géniale et gigantesque. Les cartes de Farcry sont toujours assez cool, mais dans Primal je ne m’attendais pas à cet effet Waouh. Des forêts luxuriantes, des falaises, des collines, des grottes, de la neige, c’est beau et varié… Ajoutez sur ça un soleil ultra éclatant (comme il l’était surement à l’époque avec une atmosphère 100% pure) qui baigne Oros d’effets de lumières magnifiques, de rayons passant entre les branchages ou de reflets sur l’eau. Si vous avez un PC qui tient la route, avec tous les réglages en ultra c’est un vrai régal pour vos rétines (certaines textures sont toutefois de moins bonne qualité que d’autres). A la tombée de la nuit, c’est un ciel criblé d’étoiles et une lune elle aussi super lumineuse qui éclairent votre environnement. Parfois on a juste envie de s’arrêter et de contempler cette nature plus belle que jamais.
Si vous avez joué aux FarCry précédents, vous ne serez pas dépaysés outre mesure par le gameplay. C’est toujours de l’action à la première personne, de l’infiltration, de la conquête de camps ennemis et du crafting d’équipement. A la différence que le crafting est ultra important dans Primal, il faudra sans cesse faire le plein de matières premières (de bois notamment) pour éviter de se retrouver pris au dépourvu en plein combat. Pour fabriquer des armes et des flèches, un simple clic dans le menu des armes suffit, c’est dommage car le réalisme en prend un coup (l’arme est fabriquée instantanément, pas d’animation spécifique). Comme dans les précédents épisodes, il y a un système d’arbre de compétences. Chaque mission que vous terminez vous rapporte de l’XP qui permet de débloquer de nouvelles cases dans l’arbre et d’apprendre de nouveaux tricks à Takkar : combat, cueillette, confection, apprivoisement d’animaux… On peut même apprendre à chevaucher un mammouth et ça, c’est carrément le pied ! Qui n’a jamais rêvé de détruire un camp ennemi sur le dos d’un gros mammouth, hein ? Par contre, autant vous prévenir, si vous êtes un fervent défenseur de la cause animale, mettez ça de côté pendant que vous jouez à Farcry Primal car vous n’aurez pas le choix : il va falloir en dézinguer et dépecer de la faune pour progresser dans le jeu !
Mais rassurez-vous, dans Farcry Primal, on peut aussi se faire des amis animaux, c’est même une part très importante du gameplay du jeu. En fabriquant des appâts et en améliorant l’arbre de compétences on peut apprivoiser des bêtes de plus en plus grosses. On a tout d’abord la chouette qui permet de faire du repérage et des attaques aériennes. Puis tous les animaux terrestres : ça commence par les petits dholes (une sorte de renard en plus badass), en passant par les loups, les jaguars, les lions pour arriver jusqu’aux ours et autres tigres à dents de sabre. Ils ont tous des caractéristiques différentes qui ont leurs avantages. Pour une mission d’infiltration par exemple on pourra choisir le jaguar qui sait se faire très discret et mettre à mort un ennemi rapidement. Et plus l’animal à vos côtés est puissant, moins vous vous faites agresser par les autres animaux lors de vos expéditions, pratique. C’est même quasi indispensable d’avoir cet allié avec vous car sinon vous aurez parfois l’impression d’être dans une grotte Pokémon sans potion de Repousse. Et encore plus quand la nuit tombe… L’ambiance devient soudainement beaucoup plus angoissante une fois dans l’obscurité, les cris d’animaux se font plus nombreux, plus étranges et plus proches. Et surtout, les prédateurs avec leurs yeux brillants dans le noir se font bien plus agressifs… La discrétion et l’infiltration ont donc un rôle bien plus crucial dans Farcry Primal car même bien équipé, une mauvaise rencontre peut vous tuer en quelques secondes.
Les missions proposées par les différents PNJ sont assez variées mais pas hyper originales. Sayla, la première Wenja que vous rencontrez après l’incident du début de l’histoire vous enverra la plupart du temps aider telle personne, chasser telle bestiole, conquérir tel ou tel camp ennemi ou aider untel à trouver telle ressource. Les autres protagonistes pas franchement marquants non plus (qui correspondent chacun à une compétence particulière dans l’arbre de compétences), vous donneront des missions similaires. On aura parfois ce sentiment de répétition tant redouté. D’autres personnages secondaires vous donneront des quêtes annexes qui vous serviront à gagner de l’XP. Le scénario du jeu ne retiendra pas particulièrement l’attention, assez peu de surprises ou de rebondissements dans l’histoire principale. La langue préhistorique (inventée de toutes pièces pour le jeu par des linguistes, chapeau!) n’a pas du faciliter la tâche à ce niveau c’est vrai, en revanche pour l’immersion c’est parfait. Et par conséquent dans Primal, pas de méchant charismatique comme Vaas ou Pagan Min…
Le vrai intérêt réside dans la façon dont on choisit d’aborder les missions données : en mode discrétion / infiltration ou en mode sauvage / bourrin. Le choix est souvent possible et ça c’est plutôt cool. Le mot bourrin prend d’ailleurs tout son sens dans Farcry Primal entre les cassages d’os à coup de gourdin, la chasse au gros gibier à la sagaie, les flèches en pleine tête, le dépeçage d’animaux au couteau… Aucune douceur dans ce monde de brutes, c’est de la violence crue telle qu’elle devait l’être à cette époque.
Mon seul vrai regret sur ce jeu c’est qu’il n’y ait pas de mode coopération. Sur les Farcry 3 et 4 j’ai passé un temps fou à faire et refaire les missions coop avec des amis. C’est dommage d’avoir passé ça aux oubliettes dans cet épisode, car ce mode était vraiment sympa dans les précédents et aurait eu autant sa place dans celui-ci. Mais cela dit le contenu de la campagne solo est vraiment généreux et il vous occupera de nombreuses heures. Comptez-en environ une vingtaine pour venir à bout de la quête principale, et beaucoup plus si vous voulez finir le jeu à 100%.